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LE PEUPLE


« cette maltôte-là, et, pour s’en sauver, on aime mieux laisser les terres en friche… Débarrassez-nous d’abord des maltôtiers et des gabelous ; nous souffrons beaucoup de toutes ces inventions-là ; voici le moment de les changer ; tant que nous les aurons, nous ne serons jamais heureux. Nous vous le demandons, sire, avec tous vos autres sujets, qui sont aussi las que nous… Nous vous demanderions encore bien d’autres choses, mais vous ne pouvez pas tout faire à la fois. » — Les impôts et les privilèges, voilà, dans les cahiers vraiment populaires, les deux ennemis contre lesquels les plaintes ne tarissent pas[1]. « Nous sommes écrasés par les demandes de subsides…, nos impositions sont au delà de nos forces… Nous ne nous sentons pas la force d’en supporter davantage…, nous périssons terrassés par les sacrifices qu’on exige de nous… Le travail est assujetti à un taux et la vie oisive en est exempte… Le plus désastreux des abus est la féodalité, et les maux qu’elle cause surpassent de beaucoup la foudre et la grêle… Impossible de subsister, si l’on continue à enlever les trois quarts des moissons par champart, terrage, etc… Le propriétaire a la quatrième partie, le décimateur en prend la douzième, l’impôt la dixième, sans compter les dégâts d’un gibier innombrable qui dévore la campagne en verdure : il ne reste donc au malheureux cultivateur que

  1. Boivin-Champeaux, 34, 36, 41, 48. — Paris (Doléances des paroisses rurales de l’Artois, 301, 308). — Archives nationales, procès-verbaux et cahiers des États généraux, t. xvii, 12 (Lettre des habitants de Dracy-le-Vitreux).


  anc. rég. ii.
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