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LE PEUPLE


la plus indigente et la plus laborieuse, sur le petit propriétaire qui cultive son propre champ, sur le simple artisan qui n’a que ses outils et ses mains, et, en général, sur le villageois. — D’abord, en fait d’impôts, nombre de villes sont abonnées ou franches. Pour la taille et les accessoires, Compiègne, avec 1671 feux, ne paye que 8000 francs, pendant que tel village aux environs, Canly, avec 148 feux, paye 4475 francs[1]. Pour la capitation, Versailles, Saint-Germain, Beauvais, Étampes, Pontoise, Saint-Denis, Compiègne, Fontainebleau, taxés ensemble à 169 000 livres, sont aux deux tiers exempts et ne versent guère que 1 franc au lieu de 3 francs 10 sous par tête d’habitant ; à Versailles, c’est moins encore, puisque, pour 70 000 habitants, sa capitation n’est que de 51 600[2] francs. En outre, dans tous les cas, lorsqu’il s’agit de répartir une imposition, le bourgeois de la ville se préfère à ses humbles voisins ruraux. Aussi « les habitants des campagnes, qui dépendent de la ville et sont compris dans ses rôles, sont traités avec une rigueur dont il serait difficile de se former une idée… Le crédit des villes repousse sans cesse sur eux le fardeau dont elles cherchent à se soulager, et les citoyens les plus riches de la cité payent moins de taille que le colon le plus malheureux[3]. » C’est pour-

  1. Archives nationales, G, 322 (Mémoire sur les droits d’aides à Compiègne et aux environs, 1786).
  2. Procès-verbaux de l’assemblée provinciale de l’Île-de-France, 104.
  3. Procès-verbaux de l’assemblée provinciale du Berry, I, 85 ; II, 81. — de l’Orléanais, 225. — « L’arbitraire, l’injustice,