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LE PEUPLE


« de la terre que le propriétaire[1] ». Il y a telle élection, celle de Tulle, où il prélève 56 1/2 pour 100 du produit ; il n’en reste à l’autre que 43 1/2 ; par suite, « une multitude de domaines y sont abandonnés ». — Et ne croyez pas qu’avec le temps la charge devienne moins pesante, ou que dans les autres provinces le cultivateur soit mieux traité. À cet égard les documents sont authentiques et presque de la dernière heure. Il suffit de relever les procès-verbaux des assemblées provinciales tenues en 1787 pour apprendre en chiffres officiels jusqu’à quel point le fisc peut abuser des hommes qui travaillent, et leur ôter de la bouche le pain qu’ils ont gagné à la sueur de leur front.

II

Il ne s’agit ici que de l’impôt direct, tailles, accessoires, capitation taillable, vingtièmes, taxe pécuniaire substituée à la corvée[2]. En Champagne, sur 100 livres de revenu, le contribuable paye 54 livres 15 sous à l’ordinaire et 71 livres 13 sous dans plusieurs paroisses[3]. Dans l’Île-de-France, « soit un habitant taillable de village, propriétaire de vingt arpents de terre qu’il

  1. Collection des économistes, I, 551, 562.
  2. Procès-verbaux de l’assemblée provinciale de Champagne, (1787), 24.
  3. Cf. Notice historique sur la Révolution dans le département de l’Eure, par Boivin-Champeaux, 37. Cahier de la paroisse d’Épreville : sur 100 francs de rente, le Trésor prend 25 livres pour la taille, 16 pour les accessoires, 15 pour la capitation, 11 pour les vingtièmes, total 67 livres.