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L’ANCIEN RÉGIME


Chapelle en 1748, après le traité de Paris en 1763, et surtout à partir du règne de Louis XVI. L’exportation française, qui en 1720 était de 106 millions, en 1735 de 124, en 1748 de 192, est de 257 millions en 1755, de 309 en 1776, de 354 en 1788. En 1786, Saint-Domingue seul envoie à la métropole pour 131 millions de ses produits et en reçoit pour 44 millions de marchandises[1]. Sur ces échanges, on voit, à Nantes, à Bordeaux, se fonder des maisons colossales. « Je tiens Bordeaux, écrit Arthur Young, pour plus riche et plus commerçante qu’aucune ville d’Angleterre, excepté Londres… Dans ces derniers temps, les progrès du commerce maritime ont été plus rapides en France qu’en Angleterre même. » Selon un administrateur du temps, si les taxes de consommation rapportent tous les jours davantage, c’est que depuis 1774 les divers genres d’industrie se développent tous les jours davantage[2]. Et ce progrès est régulier, soutenu. « On peut compter, dit Necker en 1781, que le produit de tous les droits de consommation augmente de deux millions par an. » — Dans ce grand effort d’invention, de labeur et de génie, Paris, qui grossit sans cesse, est l’atelier central. Bien plus encore qu’aujourd’hui, il a le monopole de tout ce qui est œuvre d’intelligence et de goût, livres, tableaux, estampes, statues, bijoux, parures, toilettes, voitures, ameublements, articles de curiosité et de mode, agréments et décors de la vie élégante et mondaine ; c’est lui qui

  1. Arthur Young. II. 360. 376.
  2. Tocqueville, 255.