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CHAPITRE III

I. La classe moyenne. — Ancien esprit du Tiers. — Les affaires publiques ne regardaient que le roi. — Limites de l’opposition janséniste et parlementaire. — II. Changement dans la condition du bourgeois. — Il s’enrichit. — Il prête à l’État. — Danger de sa créance. — Il s’intéresse aux affaires publiques. III. Il monte dans l’échelle sociale. — Le noble se rapproche de lui. — Il se rapproche du noble. — Il se cultive. — Il est du monde. — Il se sent l’égal du noble. — Il est gêné par les privilèges. — IV. Entrée de la philosophie dans les esprits ainsi préparés. — À ce moment celle de Rousseau est en vogue. Concordance de cette philosophie et des besoins nouveaux. Elle est adoptée par le Tiers. — V. Effet qu’elle produit sur lui. — Formation des passions révolutionnaires. — Instincts de nivellement. — Besoin de domination. — Le Tiers décide qu’il est la nation. — Chimères, ignorance, exaltation. — VI. Résumé.

I

Pendant longtemps, la philosophie nouvelle, enfermée dans un cercle choisi, n’avait été qu’un luxe de bonne compagnie. Négociants, fabricants et boutiquiers, avocats, procureurs et médecins, comédiens, professeurs ou curés, fonctionnaires, employés et commis, toute la classe moyenne était à sa besogne. L’horizon de chacun était restreint ; c’était celui de la profession ou du métier