« d’âme ». Lorsque Latude sort de Bicêtre, Mme de Luxembourg, Mme de Boufflers et Mme de Staël veulent dîner avec Mme Legros, l’épicière qui « depuis trois années a remué ciel et terre » pour délivrer le prisonnier. C’est grâce aux femmes, à leur attendrissement, à leur zèle, à la conspiration de leurs sympathies, que M. de Lally parvient à faire réhabiliter son père. Quand elles s’éprennent, elles s’engouent : Mme de Lauzun, si timide, va jusqu’à dire des injures en public à un homme qui parle mal de Necker. — Rappelez-vous qu’en ce siècle les femmes étaient reines, faisaient la mode, donnaient le ton, menaient la conversation, par suite les idées, par suite l’opinion[1]. Quand on les trouve en avant sur le terrain politique, on peut être sûr que les hommes suivent : chacune d’elles entraîne avec soi tout son salon.
VI
Une aristocratie imbue de maximes humanitaires et radicales, des courtisans hostiles à la cour, des privilégiés qui contribuent à saper les privilèges, il faut voir dans les témoignages du temps cet étrange spectacle. « Il est de principe, dit un contemporain, que tout doit être changé et bouleversé[2]. » Au plus haut, au plus bas, dans les assemblées, dans les lieux publics, on ne rencontre parmi