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L’ÉGLISE


« après l’avertissement que vous leur donnerez, ne seront pas rentrées dans la subordination. Vous remplacerez les maisons supprimées, non par des sœurs du même ordre, mais par celles d’un autre ordre de charité ; les sœurs de Paris y perdront leur influence, et ce sera bien. » Quelles que soient les communautés, l’autorisation qui les institue n’est qu’une grâce, et toute grâce accordée peut être retirée. « Je ne veux plus de missions quelconques[1] ; j’avais établi des missionnaires à Paris et je leur avais accordé une maison : je rapporte tout. Je me contente d’exercer la religion chez moi, je ne me soucie point de la propager à l’étranger… Je vous rends responsable si (d’ici à un mois), au 1er octobre, il y a encore en France des missions et des congrégations. » — Ainsi vit le clergé régulier, à titre révocable, par tolérance, sous l’arbitraire, suspendu à un fil qui, demain peut-être, sera coupé net par le bon plaisir.

VII

Reste le clergé séculier, mieux garanti, à ce qu’il semble, et par un statut moins précaire ; car ce statut est un acte international et diplomatique, un traité solennel et bilatéral qui engage le gouvernement français, non seulement envers lui-même, mais envers un

  1. Comte d’Haussonville, IV, 133 (Lettre de Napoléon, 2 septembre 1809, omise dans la Correspondance).