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LE RÉGIME MODERNE


dans toutes les branches de la vie sociale, l’effet universel et final de la Révolution ; dans l’Église, comme dans le reste, elle a étendu l’ingérence et la prépondérance de l’État, non par mégarde, mais avec intention, non par accident, mais par principe[1]. « La Constituante, dit Siméon, avait reconnu que, la religion étant un des plus anciens et des plus puissants moyens de gouverner, il fallait la mettre, plus qu’elle n’était, dans les mains du gouvernement » ; de là sa constitution civile du clergé ; « son seul tort fut de ne pas se concilier avec le pape ». À présent, grâce à l’accord conclu entre le pape et le gouvernement, le régime nouveau achève l’œuvre du régime ancien, et, dans l’Église comme ailleurs, la domination de l’État centralisateur est complète.

VI

Ce sont là les grandes lignes du nouvel établissement ecclésiastique, et les rattachements généraux par lesquels l’Église catholique, comme un appartement dans un édifice, se trouve comprise et incorporée dans l’État. Il ne faut pas que, sous prétexte de s’achever, elle s’en dégage ; la voilà bâtie et finie ; rien à côté ni au delà ;

  1. Rapport de Siméon au Tribunat pour lui présenter le Concordat et les Articles organiques, 17 germinal an X. — « Désormais les ministres de tous les cultes seront soumis à l’influence du gouvernement, qui les choisit ou les approuve, auquel ils se lient par les promesses les plus sacrées, et qui les tient dans sa dépendance par leurs salaires. »