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L’ÉGLISE


« sessions législatives ; mes conciles eussent été les représentations de la chrétienté, les papes n’en eussent été que les présidents, j’aurais ouvert et clos ces assemblées, approuvé et publié leurs décrets, comme avaient fait Constantin et Charlemagne. » Dès 1809, la restauration du grand édifice carlovingien et romain avait commencé ; les fondements physiques en étaient posés. En vertu d’un décret[1], « les dépenses du Sacré Collège et de la Propagande étaient déclarées impériales ». On constituait au pape, comme aux maréchaux et aux nouveaux ducs, une dotation foncière en biens sis dans les différentes parties de l’empire, deux millions de revenus ruraux francs de toute imposition. Il devait avoir « nécessairement » deux palais, l’un à Paris et l’autre à Rome. À Paris, son installation était presque complète ; il n’y manquait plus que sa personne ; en deux heures, arrivant de Fontainebleau, il aurait trouvé en place et sous sa main tous les instruments de son office : « Tous les papiers[2] des missions et archives de Rome y étaient déjà » transportés ; « le local entier de l’Hôtel-Dieu était consacré aux établissements de la cour de Rome. Le quartier de Notre-Dame et de l’île de Saint-Louis devait être le chef-lieu de la chrétienté ! » Déjà Rome, le second chef-lieu de la chré-

  1. Sénatus-consulte du 17 février 1810.
  2. Notes de Napoléon sur les Quatre Concordats de M. de Pradt (Correspondance, XXX, 550). — Lanfrey, Histoire de Napoléon, V, 214. (Avec les archives du Vatican, on avait apporté à Paris la tiare, un exemplaire saisi de l’anneau du pêcheur, et tous les autres insignes ou ornements de la dignité pontificale.)