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LE RÉGIME MODERNE


que son intelligence, sa croyance et sa pensée, soigneusement cultivées, émondées et toujours dirigées, reproduisent exactement le modèle voulu. — C’est pourquoi, en 1876, sur les 46 000 élèves des 309 établissements ecclésiastiques d’instruction secondaire, 33 000 étaient internes[1], et les autorités catholiques admettent que, dans les 86 petits séminaires, il ne faut point d’externes, point de futurs laïques.

Pour les 23 000 élèves des petits séminaires et pour les 10 000 élèves des grands séminaires, ce parti pris est peut-être raisonnable ; il est peut-être raisonnable aussi pour les futurs officiers que l’État forme à la Flèche, Saint-Cyr, Saumur et sur le Borda. Futurs militaires ou futurs prêtres, leur éducation les prépare à leur vie ; ce qu’ils seront adultes, ils le sont déjà adolescents et enfants ; l’internat, sous une discipline de couvent ou de caserne, les qualifie d’avance pour leur profession ; puisqu’ils doivent en avoir l’esprit, il faut qu’ils en contractent les habitudes ; ayant pris le pli de leur métier, ils en accepteront plus aisément les contraintes, et d’autant mieux que les contraintes seront moindres pour le jeune officier au régiment que tout à l’heure à Saint-Cyr, pour le jeune desservant dans sa paroisse rurale que tout à l’heure au grand séminaire. — Tout au rebours pour les 75 000 autres internes des établissements publics ou privés, ecclésias-

  1. Statistique de l’enseignement secondaire (46 816 élèves, dont 33 092 internes et 13 724 externes). — L’abbé Bougaud, le Grand Péril de l’Église de France, 135. — Moniteur du 14 mars 1865 (Discours au Sénat, par le cardinal de Bonnechose).