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LE RÉGIME MODERNE


diverses, flexibles, soumises à la loi de l’offre et de la demande, concurrentes, chacune d’elles attentive à conserver sa clientèle, chacune d’elles forcée, comme toute autre entreprise privée, d’ajuster son œuvre aux convenances et aux facultés de ses clients. Très probablement, si on les eût laissées vivre, si le législateur nouveau n’avait pas été hostile, et par principe, aux corps permanents, aux fondations, à la mainmorte, si, par l’intervention jalouse de son Conseil d’État et par les prélèvements énormes de son fisc, le gouvernement n’avait pas découragé les associations libres et les libres donations qu’elles peuvent mériter, les meilleures de ces écoles secondaires auraient survécu ; celles qui auraient su s’adapter au milieu ambiant auraient été les plus viables ; selon une loi bien connue, elles auraient prospéré en divergeant chacune en son sens et dans sa voie. — Or, à cette date, après, les abatis de la Révolution, toutes les voies pédagogiques étaient ouvertes, et à l’entrée de chacune d’elles on voyait des coureurs prêts, non seulement des laïques, mais encore des ecclésiastiques indépendants, gallicans libéraux, jansénistes survivants, prêtres constitutionnels, moines éclairés, quelques-uns philosophes et demi-laïques d’esprit ou même de cœur, ayant en main les manuels de Port-Royal, le Traité des Études de Rollin, le Cours d’Études de Condillac, les méthodes d’enseignement les mieux éprouvées et les plus fécondes, toutes les traditions du XVIIe siècle depuis Arnault et Lancelot, toutes les nouveautés du XVIIIe siècle, depuis Locke