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LE RÉGIME MODERNE


l’instrument scolaire ; après 1850, on l’emploiera de même et dans le même sens ; après 1796, on l’a fait travailler et, après 1875, on le fera travailler aussi vigoureusement, dans le sens contraire. Quels que soient les gouvernants, monarchistes, impérialistes ou républicains, ils sont toujours maîtres de s’en servir à leur profit ; c’est pourquoi, même résolus à n’en pas abuser, ils le conserveront en entier, ils s’en réserveront l’usage[1], et il faudra des secousses bien fortes pour rompre ou relâcher l’étreinte fixe par laquelle leurs mains tiennent la poignée centrale.

Sauf ces excès et surtout après la fin de ces excès, quand le gouvernement, de 1828 à 1848, cesse d’être sectaire et que le jeu normal de l’institution n’est plus vicié par l’ingérence de la politique, les gouvernés acceptent en bloc l’Université, telle que les gouvernants la maintiennent ; eux aussi, ils ont leurs motifs, les mêmes que pour se soumettre aux autres engins de la centralisation napoléonienne. — Et d’abord, comme l’institution départementale et communale, l’institution universitaire fonctionne toute seule ; elle n’exige qu’à peine ou point du tout la collaboration des intéressés ; elle les dispense de tout effort, tracas ou souci, et cela

    sent traiter avec impartialité les questions les plus délicates de l’histoire et de la science, et, par une conséquence fatale du monopole, il se trouvait placé entre sa conscience et la loi. En cette occasion, il sacrifia la loi. »

  1. Liard, l’Enseignement supérieur, 837. À partir de 1820, « c’est une série de mesures qui, peu à peu, rendent à l’Université sa constitution primitive et finissent même par l’incorporer au pouvoir plus étroitement que sous l’Empire ».