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L’ÉCOLE


ses proclamations : « Bonaparte, général en chef, membre de l’Institut ». — « J’étais sûr, dit-il, d’être compris par le dernier tambour. »

Un tel corps, pourvu d’un tel crédit, ne doit point rester indépendant ; Napoléon ne se contente pas d’être un de ses membres ; il veut s’en emparer, en disposer et s’en servir comme d’un membre, ou du moins se ménager sur lui des prises efficaces. Il s’en est réservé de très fortes sur la vieille Église catholique ; il s’en réserve d’équivalentes sur la jeune Église laïque ; et, dans l’un et l’autre cas, il les limite, il les restreint à ce qu’un corps vivant peut supporter. À propos de la science et de la littérature, il pourrait répéter mot à mot ce qu’il a dit à propos de la religion et de la foi : « Napoléon ne veut pas altérer la croyance de ses peuples ; il respecte les choses spirituelles ; il veut les dominer sans y toucher, sans s’en mêler ; il veut les faire cadrer à ses vues, à sa politique, mais par l’influence des choses temporelles. » — À cet effet, il a reconstruit à sa façon l’Église de France, il nomme les évêques, il contient et dirige les autorités canoniques. À cet effet, il s’entend avec les autorités scientifiques et littéraires, il les assemble dans une salle, il les assoit sur des fauteuils, il donne à leur groupe un statut, un emploi, un rang dans l’État, bref il adopte, refond et achève l’« Institut national » de France,