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LE RÉGIME MODERNE


« dans les divers établissements de l’Université diminue sensiblement, à mesure que l’organisation du corps enseignant s’achève et se régularise, que l’ordre et la discipline s’établissent, que l’éducation se gradue et se proportionne suivant les diverses localités. Le moment est donc venu de le déclarer : l’École Normale est désormais la seule route pour arriver à la carrière de l’instruction publique ; elle peut suffire à tous les besoins du service. »

IV

Quel est le but du service ? — Avant la Révolution, quand il était dirigé ou surveillé par l’Église, il avait pour fin suprême le maintien et l’affermissement de la foi dans les jeunes âmes. Successeur des anciens rois, le nouveau monarque inscrit en première ligne[1], parmi « les bases de l’enseignement », « les préceptes de la religion catholique », et, cette phrase, il l’écrit lui-même, avec une intention marquée ; dans la rédaction primitive, le Conseil d’État avait mis : la religion chrétienne ; c’est Napoléon qui ; dans le décret définitif et publié, remplace le mot plus large par le mot plus étroit[2]. En cela, il est politique, il fait un pas de plus dans la voie où il est entré par le Concordat, il veut se concilier Rome et le clergé français, il a l’air de mettre la religion à la plus haute place. — : Mais ce n’est qu’une

  1. Décret du 17 mars 1808, article 38.
  2. Pelet de la Lozère, 158.