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L’ÉCOLE


humaine, sont des causes de trouble et de faiblesse dans un corps où les individus, pour être de bons organes, doivent se donner sans réserve et tout entiers. « À l’avenir[1], non seulement les maîtres d’étude, mais encore les proviseurs et censeurs des lycées, les principaux et régents des collèges seront astreints au célibat et à la vie commune. » — Dernier trait complémentaire et significatif, qui donne à l’institution laïque toute la physionomie d’un couvent : « Aucune femme ne pourra être logée ni reçue dans l’intérieur des lycées et des collèges. »

Maintenant, au principe monastique du célibat ajoutons le principe monastique et militaire de l’obéissance ; celui-ci, aux yeux de Napoléon, est fondamental et la base des autres : sitôt qu’il est posé, un véritable corps est formé ; des membres sont conduits par une tête : le commandement devient efficace. « Il y aura, dit Napoléon[2], un corps enseignant, si tous les proviseurs, censeurs et professeurs ont un ou plusieurs chefs, comme les jésuites avaient leur général et leur provincial », comme les soldats d’un régiment ont leur colonel et leur capitaine. Le lien indispensable est trouvé ; de cette façon, les individus tiennent ensemble, car ils sont tenus par des autorités, sous une règle. Comme un volontaire qui entre au régiment, comme un religieux qui entre au couvent, les membres de l’Université en accepteront d’avance le régime total, présent

  1. Décret du 17 mars 1808, articles 101, 102.
  2. Pelet de la Lozère,