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LE RÉGIME MODERNE


à l’Église ; sur 100 mariages, 25, purement civils, ne sont pas bénits par l’Église ; sur 100 enfants, 24 ne sont pas baptisés[1].

Et, de Paris à la province, l’exemple et le sentiment se propagent. Depuis seize années, dans nos parlements élus par le suffrage universel, la majorité maintient au pouvoir le parti qui fait la guerre à l’Église, qui, par système et principe, est et demeure hostile à la religion catholique, qui lui-même a sa religion pour laquelle il réclame l’empire, qui est possédé par un esprit doctrinal, qui, dans la direction des intelligences et des âmes, veut substituer ce nouvel esprit à l’ancien, qui, autant qu’il le peut, retire à l’ancien son influence ou sa part dans l’éducation et la charité, qui disperse les congrégations d’hommes, qui surtaxe les congrégations de femmes, qui incorpore les séminaristes dans les régiments, qui supprime le traitement des curés suspects, bref qui, par l’ensemble et toute la suite de ses actes, se proclame anticatholique. Certainement plusieurs de ces actes déplaisent au paysan : il aimerait mieux garder dans l’école le frère instituteur, garder dans l’hôpi-

  1. Fournier de Flaix, Journal de la Société de statistique, numéro de septembre 1890, 260 (D’après les registres de l’archevêché de Paris). — Compte rendu des opérations du conseil d’administration des pompes funèbres à Paris (1889) : convois purement civils, en 1882, 19,33 pour 100 ; en 1884, 21,37 pour 100 ; en 1888, 19,04 pour 100 ; en 1889, 18,63 pour 100. — Atlas de statistique municipale (Débats du 10 juillet 1890) : « Plus un arrondissement est pauvre, plus il présente d’enterrements civils ; la palme appartient à Ménilmontant, où plus du tiers des enterrements sont purement civils. »