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LE RÉGIME MODERNE


mariés, enterrés ; mais leurs affaires ne le regardent pas. D’ailleurs, parmi les observances qu’il prescrit, beaucoup sont incommodes, insipides ou désagréables, maigres, carêmes, assistance passive à la messe dite en latin, à de longs offices, à des cérémonies dont les détails sont tous significatifs, mais dont le sens symbolique est nul aujourd’hui pour les assistants ; joignez-y la récitation machinale du Pater et de l’Ave, les génuflexions et signes de croix, et surtout la confession obligatoire, à échéance fixe. De toutes ces sujétions, l’ouvrier s’est dispensé et le paysan aujourd’hui se dispense. En quantité de villages, la grand’messe du dimanche n’a pour auditeurs que des femmes, et parfois en petit nombre, un ou deux troupeaux d’enfants amenés par le frère instituteur et par la sœur enseignante, quelques vieillards ; la très grande majorité des hommes n’entre pas ; ils restent dehors, sous le porche et sur la place de l’église, causant entre eux de la récolte, des nouvelles locales et du temps qu’il fait. — Au XVIIIe siècle, quand un curé devait renseigner l’intendant sur le chiffre de la population dans sa paroisse, il lui suffisait de compter ses communiants au temps pascal ; leur chiffre était à peu près celui de la population adulte et valide, environ la moitié ou les deux cinquièmes du total[1]. Maintenant, à Paris, sur 2 millions de catholiques qui sont d’âge, envi-

  1. À Bourron (Seine-et-Marne) qui, en 1789, avait 600 habitants, le nombre des communiants au temps pascal était de 300 : aujourd’hui, sur 1200 habitants, il est de 94. (Note communiquée par M. Poinsart, bibliothécaire de l’École des sciences politiques).