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L’ÉGLISE


l’autre laïque, toutes les deux croissantes et prodigieusement accrues depuis un siècle, s’ajoutent l’une à l’autre pour accabler l’individu ; il est surveillé, poursuivi, saisi, régenté, contraint jusque dans son for intime ; l’air ambiant cesse d’être respirable ; on se souvient de l’oppression qui, après 1823, après 1852, pesa sur tout caractère indépendant, sur tout esprit libre. — Tantôt, comme sous la première et sous la troisième République, l’État voit dans l’Église une rivale et un adversaire ; en conséquence, il la persécute ou il la tracasse, et nous voyons aujourd’hui, de nos yeux, comment la minorité gouvernante peut blesser, incessamment, longtemps et sur un point sensible, la majorité gouvernée ; comment elle dissout les congrégations d’hommes et chasse de leur maison des citoyens libres dont l’unique délit est de vouloir vivre, prier et travailler ensemble ; comment elle expulse les religieuses et les religieux de l’hôpital et de l’école, avec quel dommage pour l’hôpital et les malades, pour l’école et les enfants, à travers quelles répugnances et quels mécontentements du médecin et du père de famille, par quelle profusion maladroite des deniers publics et par quelle surcharge gratuite du contribuable déjà trop chargé.

IV

D’autres inconvénients du système français sont encore pires. — Depuis un siècle, un événement extraordinaire se produit : déjà, vers le milieu du siècle