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LE RÉGIME MODERNE

I

Si correct que soit un prêtre séculier, il vit encore dans le siècle. Il a, comme un laïque, son logis et son foyer, à la campagne son presbytère et son jardin, à la ville son appartement, dans tous les cas son intérieur et son ménage, une servante ou une gouvernante, qui est parfois sa mère ou sa sœur ; bref un enclos propre et réservé où, contre les envahissements de sa vie ecclésiastique et publique, sa vie domestique et privée se maintient à part, analogue à celle d’un fonctionnaire laïque qui serait célibataire et rangé. En effet, sa dépense et son revenu, son bien-être ou sa gêne sont à peu près semblables ; sa condition, ses appointements[1], sa table, ses habits, son ameublement, ses mœurs extérieures le rangent, au village, à côté de l’instituteur et du receveur de la poste ; dans le gros bourg ou la petite ville, à côté du juge de paix et du professeur de collège ; dans les grandes villes, à côté du chef de bureau et du chef

  1. Budget de 1881 : 17 010 desservants des succursales ont 900 francs par an ; 4500 ont 1000 francs ; 9492 ayant soixante ans et au-dessus ont de 1100 à 1300 francs. 2521 curés de 2e classe ont de 1200 à 1300 francs ; 850 curés de 1re classe ou assimilés ont de 1500 à 1600 francs ; 65 curés archiprêtres ont 1600 francs et celui de Paris a 2400 francs ; 709 chanoines ont de 1600 à 2400 francs ; 193 vicaires généraux ont de 2500 à 4000 francs. — L’abbé Bougaud, le Grand Péril, etc., 23. Dans le diocèse d’Orléans, qui peut être considéré comme un type moyen, le casuel, y compris les honoraires pour messes, est de 250 à 300 francs par an, ce qui porte le traitement d’un desservant ordinaire à 1200 francs environ.