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L’ÉGLISE


chaque jour la messe et cinq visites au saint sacrement, avec station d’une minute à une demi-heure ; chapelet de soixante-trois pater et ave, litanies, angélus, prières à haute et à basse voix, examen particulier, méditation à genoux, lectures édifiantes en commun, silence jusqu’à une heure de l’après-midi, silence à table et audition d’une lecture édifiante pendant le repas, communions, fréquentes, confession chaque semaine, confession générale au commencement de l’année, à la fin de chaque mois un jour de retraite, après les vacances et avant la collation de chacun des quatre ordres huit jours de retraite, pendant ces retraites toutes les études suspendues, sermon du matin et sermon du soir, lectures spirituelles, méditations, oraisons et pratiques tout le long du jour[1], bref l’application

    science nous fait défaut… Depuis longtemps, les candidats à l’épiscopat sont dispensés par bulle du titre de docteur. » — Au séminaire, discussions en latin barbare, questions surannées, bouts de texte découpés et enfilés : « Ils n’ont pas appris à penser… Leur science est nulle ; ils n’ont pas même un instrument et une méthode pour apprendre… Ce qu’ils ignorent le plus, c’est l’Évangile et Jésus-Christ… Un prêtre qui s’adonne à l’étude est (dans l’opinion) ou un pur spéculatif impropre au gouvernement, ou un ambitieux que rien ne peut satisfaire, ou encore un homme bizarre, d’humeur difficile et de caractère mal pondéré : nous vivons sous l’empire de cet inepte préjugé… Nous avons des archéologues, des assyriologues, des géologues, des philologues et autres savants à côté. Les philosophes, les théologiens, les historiens, les canonistes sont devenus rares. »

  1. Journal d’un voyage en France, par Th.-W. Allies, 1845, 38 (Tableau des exercices journaliers à Saint-Sulpice, fourni par l’abbé Caron, ancien secrétaire de l’archevêque de Paris). — Cf. dans Volupté, par Sainte-Beuve, le même tableau fourni par le père Lacordaire.