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L’ÉGLISE


maladresses, à ménager l’opinion, à étouffer les scandales. Car toute la vie du desservant, non seulement celle qui est publique, mais encore celle qui est privée, domestique, intime, appartient et importe à l’Église : il ne faut pas de mauvais bruits, même mal fondés, sur son compte ; s’il y en a, l’évêque le mande à l’évêché, l’avertit, l’admoneste, et, au besoin, le déplace, le suspend, l’interdit ; d’autorité, sans se décharger de l’affaire sur un tribunal responsable, lui-même juge unique et secret, partant astreint aux recherches, aux anxiétés, au pénible et minutieux labeur personnel qui accompagne toujours l’exercice direct du pouvoir absolu. — De même, à l’endroit de son grand et de son petit séminaire : ce sont là ses deux pépinières indispensables, et il en est le jardinier en chef, attentif à en combler les vides annuels, à chercher des sujets dans tous les coins de son diocèse, à y vérifier et cultiver les vocations ; il confère les bourses ; il dicte le règlement, il nomme et destitue, déplace et remplace à son gré le directeur et les professeurs ; il les prend, si bon lui semble, hors de son diocèse, hors du clergé séculier ; il leur prescrit une doctrine, des méthodes, une manière de penser et d’enseigner, et, par delà tous ses clercs présents, ou futurs, il a l’œil sur trois ou quatre cents religieux, sur quatorze cents religieuses.

Pour les religieux, tant qu’ils restent clos dans leur maison, entre eux et chez eux, il n’a rien à leur dire ; mais, sitôt qu’ils prêchent, confessent, officient ou enseignent en public, sur son territoire, ils tombent sous