Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 10, 1904.djvu/73

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
71
OBJET ET MÉRITES DU SYSTÈME


peu moins que la dotation du seul collège Louis-le-Grand en 1789[1] ; on peut même dire que c’est justement la fortune du vieux collège qui, à travers plusieurs emplois, réemplois, détournements et mésaventures, devient le patrimoine de la nouvelle Université[2] ; du collège à l’Université, l’État a opéré le transfert : à cela se réduit sa munificence ; elle éclate surtout à l’endroit de l’instruction primaire : pour la première fois, en 1812, il lui alloue 25 000 francs, dont elle ne touche que 4500[3]. — Telle est la liquidation finale des trois grandes fortunes collectives. Entre l’État et les établissements d’instruction, de culte, de bienfaisance qu’il a dépouillés, intervient un règlement de comptes, une transaction expresse ou tacite. Il a pris aux pauvres, aux enfants, aux fidèles 5 milliards au moins de capital, et 270 millions de revenu[4] ; il leur rend, en revenus fon-

  1. Recueil, etc., I, 189. (Décret du 24 mars 1808 sur la dotation de l’Université.)
  2. Emond, Histoire du collège Louis-le-Grand, 238. Ce collège, avant 1789, avait 450 000 livres de rente.) — Guizot, ib., I, 62. — Ce collège fut maintenu, pendant la Révolution, sous le nom de Prytanée français et reçut en 1800 les biens de l’Université de Louvain. Plusieurs de ses élèves s’enrôlèrent en 1792, et on leur promit de leur conserver leurs bourses à leur retour : de là l’esprit militaire du Prytanée. — En vertu d’un décret du 5 mars 1806, une rente perpétuelle de 400 000 francs fut transférée au Prytanée de Saint-Cyr : c’est cette rente qui, par le décret du 24 mars 1808, devient la dotation de l’Université impériale. Désormais les dépenses du Prytanée de Saint-Cyr sont mises à la charge du département de la guerre.
  3. Alexis Chevalier, les Frères des écoles chrétiennes, etc., 265. (Allocation aux novices des Frères Ignorantins.)
  4. L’Ancien Régime, tome I, 22 et 23. — La Révolution, tome VII, 88. — Alexis Chevalier, les Frères des écoles chrétiennes, 341 : « Avant la Révolution, les revenus de l’instruction publique