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LE RÉGIME MODERNE


meubles était vendue et que leurs créances, remboursées en assignats ou converties en rentes sur le grand-livre, étaient des valeurs mortes ou mourantes, tellement qu’en 1800, après la banqueroute finale des assignats et du grand-livre, l’ancien patrimoine des pauvres est réduit de moitié ou des deux tiers[1]. C’est pourquoi

  1. Statistiques des préfets, Rhône, par Verninac, an X. Revenu des hospices de Lyon en 1789, 1 510 827 francs ; aujourd’hui, 459 371 francs. — Indre, par Dalphonse, an XII. Le principal hospice d’Issoudun, fondé au XIIe siècle, avait 27 939 francs de revenu, sur lesquels il perd 16 232 francs. Autre hospice, celui des Incurables : sur 12 062 francs de revenu, il perd 7457 francs. — Eure, par Masson-Saint-Amand, an XIII : « 14 hospices et 3 petits établissements de charité dans le département, avec 100 000 francs environ de revenu en 1789 ; ils en ont perdu au moins 60 000. » — Vosges, par Desgouttes, an X : « 10 hospices dans le département. La plupart ont été dépouillés de la presque totalité de leurs biens et de leurs capitaux par l’effet de la loi du 23 messidor an II ; au moment où l’exécution de cette loi fut suspendue, les biens étaient vendus et les capitaux remboursés. » — Cher, par Luçay : « 15 hospices avant la Révolution ; ils sont restés presque tous sans ressources par la perte de leurs biens. » — Lozère, par Jerphanion, an X : « Les propriétés qui étaient attachées aux hospices, soit en fonds de terre, soit en rentes, ont passé en d’autres mains. » — Doubs, analyse par Ferrière : « Situation des hospices bien inférieure à celle de 1789, parce qu’on n’a pu leur restituer des biens en proportion de la valeur de ceux qui avaient été aliénés. L’hospice de Pontarlier a perdu la moitié de ses revenus par les remboursements faits en papier-monnaie ; tous les biens de l’hospice d’Ornans ont été vendus, etc. » — Rocquain, 187 (Rapport de Fourcroy). Hospices de l’Orne : leur revenu, au lieu de 123 189 francs, n’est plus que de 68 239 francs. — Hospices du Calvados : ils ont perdu 173 648 francs de revenu, il ne leur en reste que 85 955. — Passim, détails navrants sur le dénuement des hospices et de leurs hôtes, enfants, malades et infirmes. — Le chiffre par lequel j’ai tâché de marquer la disproportion des besoins et des ressources est un minimum. — Dupin, Histoire de l’administration des secours publics, 80 : « En 1799. la détresse des établissements hospitaliers