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LE RÉGIME MODERNE


province, répond sèchement : « Nous préférons les départements aux provinces[1] ».

Sauf quelques royalistes antiquaires et demi-ruraux, personne ne réclame ; on ne songe pas à reconstruire la machine sur un autre plan ; c’est que les gens, en somme, ne sont pas mécontents de son jeu. Elle fonctionne bien, avec efficacité ; sous la Restauration comme sous l’Empire, elle rend aux intéressés le service qu’ils lui demandent ; elle pourvoit de mieux en mieux aux deux grands objets de la société locale, au soin de la voie publique et aux travaux de défense contre les fléaux naturels. En 1814, son rendement net est déjà très beau et lui fait honneur : réparation de toutes les ruines accumulées par la Révolution[2], continuation et achèvement des entreprises anciennes, nouvelles entreprises grandes et grandioses, digues contre la mer et les fleuves, bassins, môles et jetées pour les ports, quais et ponts, écluses et canaux, édifices publics, 27 200 kilomètres de routes nationales et 18 600 kilomètres de routes départementales[3], sans compter le réseau vicinal qui s’ébauche ; tout cela conduit avec régularité, précision, économie[4], par des fonctionnaires

  1. M. de Villèle, I, 248.
  2. Rocquain, l’État de la France au 18 Brumaire, d’après les rapports des conseillers d’État envoyés en mission. (Résumé et introduction, 40.)
  3. A. de Foville, la France économique, 248 et 249.
  4. Charles Nicolas, les Budgets de la France depuis le commencement du XIXe siècle. En 1816. les quatre contributions directes rendent, en principal, 249 millions, et, en centimes additionnels, 89 millions seulement. Pendant longtemps, les centimes additionnels, appliqués au service local et votés par le département