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LE RÉGIME MODERNE


auxiliaires ou secondaires, depuis le secrétaire général de la préfecture jusqu’au secrétaire de la mairie, depuis les scribes et commis de la préfecture et de la sous-préfecture jusqu’au personnel de la police municipale et de l’octroi dans les villes, depuis l’ingénieur et l’architecte de la ville et du département jusqu’au dernier agent voyer, depuis les gardiens et surveillants d’une écluse ou d’un port jusqu’aux cantonniers et aux gardes champêtres, directement ou indirectement, le gouvernement constitutionnel en dispose de la même façon que le gouvernement impérial, avec la même ingérence dans les plus minces détails de la plus mince affaire. Commune ou département, chaque société locale reste sous le second régime ce qu’elle était sous le premier, un prolongement de la société centrale, un appendice de l’État, une succursale de la grande maison dont le siège est à Paris. Dans ces succursales dirigées d’en haut, rien n’est changé, ni l’étendue et les limites de la circonscription, ni la provenance et la hiérarchie des pouvoirs, ni le cadre théorique, ni le mécanisme pratique, pas même les noms[1]. Après les préfets de l’Empire, voici venir les préfets de la Restauration, avec le

  1. Sur l’administration locale et sur les sentiments des différentes classes de la population, on trouvera aux Archives nationales les renseignements les plus abondants et les plus précis, dans la Correspondance des préfets de la première Restauration, des Cent-Jours et de la seconde Restauration, de 1814 à 1823. (Cf. notamment la Haute-Garonne, le Rhône, la Côte-d’Or, l’Ain, le Loiret, l’Indre-et-Loire, l’Indre, la Loire-Inférieure, l’Aisne. Les lettres de plusieurs préfets, M. de Chabrol, M. de Tocqueville, M. de Rémusat, M. de Garante, mériteraient souvent d’être publiées ;