Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 10, 1904.djvu/239

Cette page a été validée par deux contributeurs.
237
LE DÉFAUT ET LES EFFETS DU SYSTÈME


quand on veut transformer une maison mal tenue en une maison bien ordonnée ; le Premier Consul a ces deux réformes à cœur et il y tient la main. — Surtout plus de dettes ; or plus de la moitié des communes sont endettées. — « Sous peine de destitution[1], le préfet devra visiter les communes au moins deux fois l’an, et le sous-préfet quatre fois dans l’année. On me proposera un prix pour les maires qui auront libéré leur commune dans un délai de deux ans, et le gouvernement nommera un commissaire extraordinaire préposé à l’administration de la commune qui, dans le délai de cinq ans, ne se sera pas libérée. Chaque année, les cinquante maires qui auront le plus contribué à ramener leur commune à l’état de libération ou de ressources disponibles seront appelés à Paris aux frais de l’État et présentés en séance solennelle aux trois Consuls. Une colonne, élevée aux frais du gouvernement et placée à l’entrée principale de la ville ou du village, dira à la postérité le nom du maire : on y lira, en outre, ces mots : « Au tuteur de la commune, la Patrie reconnaissante. »

Au lieu de ces honneurs demi-poétiques qui conviennent aux imaginations de l’an VIII, mettez les honneurs positifs qui conviennent aux imaginations de l’an XII et des années suivantes, brevets et grades, décorations de la Légion d’honneur, titres de chevalier, de baron et de comte[2], gratifications et dotations : voilà les prix

  1. Correspondance de Napoléon, no 4474, note dictée à Lucien.
  2. Décret du 1er  mars 1808 : Sont comtes de plein droit les mi-