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LE DÉFAUT ET LES EFFETS DU SYSTÈME


demandé, devient maire de Vitrolles et conseiller général des Basses-Alpes, puis, un peu plus tard, à son corps défendant, inspecteur des bergeries impériales. Tel le comte de Villèle, qui, rentrant dans sa terre de Morville après quatorze ans d’absence, tout à coup, « avant même d’avoir fait élection de domicile, soit à la ville, soit à la campagne », se trouve maire de Morville. Pour lui faire place, on a révoqué son prédécesseur, et celui-ci, « qui, depuis le commencement de la Révolution remplissait les fonctions de maire », est rabaissé au poste d’adjoint. Peu de temps après, le gouvernement nomme M. de Villèle président de l’assemblée cantonale ; naturellement l’assemblée, avertie sous main, le porte comme candidat au conseil général de la Haute-Garonne, et il y est nommé par le gouvernement. — « Tous les propriétaires notables du département faisaient partie de ce conseil, et la Restauration nous y trouva encore sept ans après. Il existait évidemment des ordres généraux pour enjoindre aux préfets de choisir de préférence les anciens propriétaires les plus considérables du pays. » De même, « Napoléon prend partout les maires dans la classe aisée et riche ; dans les villes importantes, il ne fixe son choix que sur les gens roulant voiture[1] ». Beaucoup d’entre eux à la campagne et plusieurs dans les villes sont des légitimistes, au moins de cœur, et l’Empereur ne l’ignore pas ; mais, dit-il, « ces gens-là ne peuvent vouloir que le sol tremble » ; ils sont trop

  1. Faber, Notice sur l’intérieur de la France (1807), 25.