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LE DÉFAUT ET LES EFFETS DU SYSTÈME


dustriels ou commerciaux et selon son revenu local. En effet, plus la voie publique est parfaite, plus les nécessités et les commodités de la vie, toutes les choses agréables ou utiles, même distantes et lointaines, sont à ma portée et à ma disposition, sous ma main ; j’en jouis effectivement, et ma jouissance a pour mesure l’importance de mes achats, mes consommations en tout genre, bref ma dépense à domicile[1]. Si je suis, en outre, industriel ou commerçant, l’état de la voie publique me touche encore de plus près ; car de cet état dépendent mes transports, plus ou moins dispendieux, difficiles et lents, par suite l’arrivée de mes matières ouvrables et l’écoulement de mes produits ouvrés, l’expédition des marchandises que j’achète comme l’expédition des marchandises que je vends, et cet intérêt particulier, si direct, si vif, a pour mesure le chiffre annuel de mes affaires, plus exactement, le chiffre probable de mes bénéfices[2]. Si enfin je possède un immeuble, terre ou maison, sa valeur locative croît ou décroît avec la salubrité et la commodité du quartier, avec les facilités de culture, d’exploitation et de desserte, avec le nombre des débouchés, avec l’efficacité de la défense instituée contre l’inondation et l’incendie, partant avec l’amélioration de la voie publique et de l’œuvre collec-

  1. De là les centimes additionnels à l’impôt des portes et fenêtres, dont le nombre indique à peu près le chiffre du loyer. De là aussi les centimes additionnels à l’impôt mobilier, qui est proportionnel au chiffre du loyer, le chiffre du loyer étant considéré comme l’indice le plus exact de la dépense sur place.
  2. De là les centimes communaux additionnels à l’impôt des patentes.