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LE RÉGIME MODERNE


tection de la loi, mais encore leurs notables sont promus aux grands emplois. Parmi les monarchiens de la Constituante, Malouet est conseiller d’État, et Maury archevêque de Paris ; quarante-sept autres ecclésiastiques, qui, comme lui, n’ont pas voulu jurer la constitution civile du clergé, sont nommés comme lui à des sièges épiscopaux. Parmi les feuillants de la Législative, Vaublanc est préfet, Beugnot est conseiller d’État et ministre des finances dans le grand-duché de Berg, Mathieu Dumas est général de division et directeur des revues, Narbonne devient l’aide de camp et l’interlocuteur intime de Napoléon, puis son ambassadeur à Vienne ; si La Fayette consentait, je ne dis pas à demander, mais à ne pas refuser, il serait maréchal de France. — Parmi les rares girondins ou fédéralistes qui n’ont pas péri après le 2 Juin, Riouffe est préfet et baron, Lanjuinais est sénateur et comte ; parmi les autres proscrits ou demi-proscrits, le nouveau régime ramène aux affaires et à la direction des affaires les employés supérieurs et spéciaux que la Terreur chassait et tuait de préférence, en particulier les chefs de service aux finances et dans la diplomatie, qui, dénoncés par Robespierre le 8 Thermidor ou frappés d’un mandat d’arrêt le matin du 9 Thermidor, sentaient déjà sur leurs têtes le couperet de la guillotine : Reinhard et Otto sont ambassadeurs, Mollien est comte et ministre du Trésor, Miot devient conseiller d’État, comte de Melito et ministre des finances à Naples ; Gaudin est ministre en France et duc de Gaëte. — Parmi les déportés ou fugi-