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LE RÉGIME MODERNE


l’ascendant politique. — Situation d’un Français à l’étranger. — Sa qualité de Français équivaut à un grade. — Rapidité de l’avancement. — Élimination incessante et vacances multipliées dans les cadres militaires. — Élimination préalable dans les cadres civils. — Proscription des hommes cultivés et interruption de l’enseignement pendant la Révolution. — Rareté de l’instruction générale ou spéciale en 1800. — Petit nombre des candidats capables. — Le manque de compétiteurs leur facilite l’avancement. — Grandeur et attrait des prix offerts. — La Légion d’honneur. — La noblesse impériale. — Les dotations et les majorats. — L’émulation. — VI. Le ressort interne de 1789 à 1815. — Sa force. — Sa déformation. — Comment il finit par détraquer la machine.

I

Maintenant que l’État vient de répartir à nouveau les charges et devoirs qu’il impose, il faut qu’il répartisse à nouveau les droits et avantages qu’il confère. — Des deux côtés, bien avant 1789, la justice distributive était en défaut, et, sous la monarchie, les exclusions choquaient autant que les exemptions ; d’autant plus que, par une double iniquité, dans chaque groupe d’hommes, l’ancien régime distinguait deux groupes, l’un auquel il accordait toutes les exemptions, l’autre auquel il faisait subir toutes les exclusions. C’est que, depuis les origines, dans la formation et l’administration du royaume, le roi, pour obtenir les services, l’argent, la collaboration ou la connivence dont il avait besoin, avait toujours traité avec des corps, ordres, provinces, seigneuries, clergé, églises, monastères, universités, parlements, communautés de profession, d’art ou de métier, familles, c’est-à-dire avec des pouvoirs constitués