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LE RÉGIME MODERNE


de citoyens opprimée ou exclue du droit commun : dès le début, les derniers décrets jacobins sur les otages et l’emprunt forcé ont été révoqués : noble ou roturier, ecclésiastique ou laïque, riche ou pauvre, ancien émigré ou ancien terroriste, chaque homme, quels que soient son passé, sa condition, ses opinions, jouit maintenant de son bien privé et de ses droits légaux ; il n’a plus à craindre les violences du parti contraire ; il peut se fier à la protection des autorités[1] et à l’équité des

    la police militaire et correspondance de la gendarmerie). Le 25 brumaire an VIII, attaque de la malle de Paris près d’Arpajon, par 5 brigands armés de fusils. Le 3 fructidor an VIII, à trois heures de l’après-midi, une voiture chargée de 10 860 francs expédiés par le receveur de Mantes à celui de Versailles est arrêtée, près de la machine de Marly, par 8 ou 10 brigands armés à cheval. Le gendarme qui accompagnait la voiture est saisi, désarmé. — Et quantité d’autres faits analogues : on voit que, pour mettre fin au brigandage, il fallut un an et davantage. — L’instrument employé est toujours la force militaire impartiale. (Rocquain, ib., 10.) « Il y a à Marseille trois compagnies de garde nationale soldées, de 60 hommes chacune, à la solde de 1 franc par homme. La caisse de cette garde s’alimente par une contribution de 5 francs par mois que paie chaque homme sujet à monter la garde et qui veut s’exempter. Les officiers… sont tous étrangers au pays, c’est depuis l’établissement de cette garde que les vols, les meurtres, les querelles ont cessé dans la ville de Marseille. »

  1. Archives nationales, cartons 3144 et 3145, n° 1004 (Rapports des conseillers d’État envoyés en mission pendant l’an IX, et publiés par Rocquain, avec des omissions, entre autres celle-ci dans le rapport de Français de Nantes) : « Les soins des maires de Marseille ont été assez efficaces pour qu’aujourd’hui un émigré en surveillance et fraîchement débarqué de l’étranger se promène dans Marseille sans être assommé ni assommeur, alternative dans laquelle ils avaient été jusqu’à présent. Cependant, au milieu de cette ville, il y a près de 500 hommes qui ont tué de leurs propres mains ou qui ont été complices des tueurs, aux diverses époques de la Révolution… Les habitants de cette ville