d’Orléans perçoit les aides, c’est-à-dire les droits sur les
boissons, sur les ouvrages d’or et d’argent, sur la fabrication
du fer, sur les aciers, sur les cartes, le papier
et l’amidon, bref tout le montant d’un des plus lourds
impôts indirects. Rien d’étonnant, si, rapprochés de la
condition souveraine, ils ont, comme les souverains, un
conseil, un chancelier, une dette constituée, une cour[1],
un cérémonial domestique, et si l’édifice féodal revêt
entre leurs mains le décor luxueux et compassé qu’il a
pris aux mains du roi.
Venons-en à des personnages moindres, à un seigneur de dignité moyenne, dans sa lieue carrée de pays, au milieu des mille habitants qui jadis ont été ses vilains ou ses serfs, à portée du monastère, du chapitre ou de l’évêque dont les droits s’entremêlent à ses droits. Quoi qu’on ait fait pour l’abaisser, sa place est toujours bien haute. Il est encore, disent les intendants, « le premier habitant » ; c’est un prince qu’ils ont peu à peu dépouillé de ses fonctions publiques et relégué dans ses droits honorifiques et utiles, mais qui demeure prince[2]. — À l’église il a son banc et droit de sépulture dans le
- ↑ Beugnot, Mémoires, I, 77. Notez le cérémonial chez le duc de Penthièvre, chap. i, iii. Le duc d’Orléans institue un chapitre et des cordons de chanoinesses. La place de chancelier chez le duc d’Orléans vaut 100 000 livres par an (Gustave III et la cour de France, par Geffroy, I, 410).
- ↑ Tocqueville, ib., 40. — Renauldon, avocat au bailliage d’Issoudun, Traité historique et pratique des droits seigneuriaux, 1765, 8, 10, 81 et passim. — Cahier d’un magistrat du Châtelet sur les justices seigneuriales, 1789. — Duvergier, Collection
maison d’Orléans, dit-il, est en possession des aides. » Il évalue cet impôt à 51 millions pour tout le royaume.