et si inconnues, qu’en vérité l’histoire de la Révolution
semble encore inédite. Du moins il n’y a que
ces documents pour nous montrer des figures vivantes,
petits nobles, curés, moines et religieuses
de province, avocats, échevins et bourgeois des
villes, procureurs de campagne et syndics de villages,
laboureurs et artisans, officiers et soldats. Il
n’y a qu’eux pour nous faire voir en détail et de
près la condition des hommes, l’intérieur d’un presbytère,
d’un couvent, d’un conseil de ville, le salaire
d’un ouvrier, le produit d’un champ, les impositions
d’un paysan, le métier d’un collecteur, les
dépenses d’un seigneur ou d’un prélat, le budget,
le train et le cérémonial d’une cour. Grâce à eux,
nous pouvons donner des chiffres précis, savoir,
heure par heure, l’emploi d’une journée, bien
mieux, dire le menu d’un grand dîner, recomposer
une toilette d’apparat. Nous avons encore, piqués
sur le papier et classés par dates, les échantillons
des robes que la reine Marie-Antoinette a portées,
et, d’autre part, nous pouvons nous figurer l’habillement
d’un paysan, décrire son pain, nommer les
farines dont il le composait, marquer en sous et
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PRÉFACE.