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L’ANCIEN RÉGIME


le maréchal de Richelieu d’une bourse qu’il avait donnée à son petit-fils et que le jeune garçon, n’ayant su la dépenser, rapportait pleine. Du moins l’argent, cette fois, servit au balayeur qui passait et le ramassa. Mais, faute d’un passant pour le ramasser, on l’eût jeté dans la rivière. Un jour, devant le prince de Conti, Mme de B. laissa soupçonner qu’elle voudrait avoir la miniature de son serin dans une bague. Le prince s’offrit ; on accepta, mais à condition que la miniature serait très simple et sans brillants. En effet, ce ne fut qu’un petit cercle d’or ; mais, pour recouvrir la peinture, un gros diamant aminci servait de glace. Mme de B. ayant renvoyé le diamant, « M. le prince de Conti le fit broyer, réduire en poudre et s’en servit pour sécher l’encre du billet qu’il écrivit à ce sujet à Mme de B. ». La pincée de poudre coûtait quatre ou cinq mille livres, mais on devine le tour et le ton du billet. Il faut l’extrême profusion à la suprême galanterie, et l’on est d’autant plus un homme du monde que l’on est moins un homme d’argent.

III

Dans un salon, la femme dont un homme s’occupe le moins, c’est la sienne, et à charge de retour ; c’est pourquoi, en un temps où l’on ne vit que pour le monde et dans le monde, il n’y a pas place pour l’intimité conjugale. — D’ailleurs, quand les époux sont haut

    cheveux, cachet de cheveux, collier de cheveux, boîte de cheveux, 9 900 fr., etc. ».