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L’ANCIEN RÉGIME


nements particuliers de Laon, de Soissons, de Noyon, de Crépy en Valois, la capitainerie de Mousseaux et vingt mille livres de pension, véritable homme de cour, sorte d’exemplaire en haut relief des gens de sa classe, et qui, par ses charges, sa faveur, son luxe, ses dettes, sa considération, ses goûts, ses occupations et son tour d’esprit, nous représente en abrégé tout le beau monde[1]. Sa mémoire est étonnante pour les parentés et les généalogies ; il possède à fond la science précieuse de l’étiquette ; à ces deux titres, il est un oracle et très consulté. « Il a beaucoup augmenté la beauté de sa maison et de ses jardins à Saint-Ouen. » — « Au moment de mourir, dit M. de Luynes, il venait d’y ajouter vingt-cinq arpents qu’il avait commencé à faire enfermer dans une terrasse revêtue… Il avait une maison considérable en gentilshommes, pages, domestiques de toute espèce, et faisait une dépense prodigieuse… Il avait tous les jours un grand dîner… Il donnait presque tous les jours des audiences particulières. Il n’y avait personne à la cour ni à la ville qui ne lui rendît des devoirs. Les ministres, les princes du sang eux-mêmes lui en rendaient. Il recevait du monde pendant qu’il était encore dans son lit. Il écrivait, dictait au milieu d’une compagnie nombreuse… Sa maison à Paris et son appartement à Versailles ne désemplissaient point depuis qu’il était éveillé jusqu’à ce qu’il se couchât. » — Deux ou trois cents maisons

  1. Duc de Luynes, XVI, 186 (octobre 1757).