Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 1, 1909.djvu/207

Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
177
LES MŒURS ET LES CARACTÈRES


Châteauvillain ; j’omets la moitié de ces résidences. Au Palais-Royal, toutes les personnes présentées peuvent venir souper les jours d’opéra. À Châteauvillain, tous ceux qui viennent faire leur cour sont invités à dîner, les nobles à la table du duc, les autres à la table de son premier gentilhomme. Au Temple, les soupers du lundi rassemblent cent cinquante convives. Quarante ou cinquante personnes, disait la duchesse du Maine, sont « le particulier d’une princesse[1] ». Le train des princes est si inséparable de leur personne, qu’il les suit jusque dans les camps. « M. le prince de Condé, dit M. de Luynes, part demain pour l’armée avec une grande suite : il a deux cent vingt-cinq chevaux, et M. le comte de la Marche cent. M. le duc d’Orléans part lundi ; il a trois cent cinquante chevaux pour lui et sa suite[2]. » — Au-dessous des parents du roi, tous les grands qui figurent à la cour figurent aussi chez eux, dans leur hôtel de Paris ou de Versailles, et dans leur château à quelques lieues de Paris. De tous côtés, dans les Mémoires, on aperçoit en raccourci quelqu’une de ces vies seigneuriales. Telle est celle du duc de Gesvres, premier gentilhomme de la chambre, gouverneur de Paris et de l’Île-de-France, ayant en outre les gouver-

  1. Beugnot, I, 77. — Mme de Genlis, Mémoires, ch. xvii. — E. et J. de Goncourt, la Femme au dix-huitième siècle, 52. — Chamfort, Caractères et anecdotes.
  2. Duc de Luynes, XVI, 57 (mai 1757). — À l’armée de Westphalie, le général en chef, comte d’Estrées, avait vingt-sept secrétaires et Grimm fut le vingt-huitième. — Quand le duc de Richelieu partit pour son gouvernement de Guyenne, il lui fallut sur toute la route des relais de cent chevaux.