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LES MŒURS ET LES CARACTÈRES


mois plus tard, « le roi, dit encore M. de Luynes, a été tous les jours de la semaine dernière et de celle-ci à la chasse, hors aujourd’hui et les dimanches, et tué, depuis le commencement des perdreaux, trois mille cinq cents pièces ». Il est toujours en route et en chasse, passant d’une résidence à l’autre, de Versailles à Fontainebleau, à Choisy, à Marly, à la Muette, à Compiègne, à Trianon, à Saint-Hubert, à Bellevue, à Rambouillet, et, le plus souvent, avec toute sa cour[1]. À Choisy, notamment, et à Fontainebleau, tout ce monde est en liesse. À Fontainebleau, « dimanche et vendredi, jeu ; lundi et mercredi, concert chez la reine ; mardi et jeudi, les comédiens français ; samedi, ce sont les Italiens » : il y en a pour tous les jours de la semaine. À Choisy, écrit la Dauphine[2], « depuis une heure où l’on dîne, on est jusqu’à une heure du matin sans rentrer chez soi… Après le dîner, l’on joue jusqu’à six heures, que l’on va au spectacle qui dure jusqu’à neuf heures et demie, et ensuite le souper ; de là encore jeu jusqu’à une heure et même la demie quelquefois ». À Versailles, où l’on est plus modéré, il n’y a que deux spectacles et un bal par semaine ; mais

  1. Le roi étant à Marly, liste des voyages qu’il fera avant d’aller à Compiègne (duc de Luynes, XIV, 163, mai 1755) : « Le dimanche 1er juin, à Choisy jusqu’au lundi soir. — Le mardi 3, à Trianon jusqu’au mercredi. — Le jeudi 5, retourne à Trianon, où il restera jusqu’à samedi après souper. — Le lundi 9, à Crécy jusqu’au vendredi 13. — Retourne à Crécy le 16 jusqu’au 21. — Le 1er juillet, à la Muette ; le 2, à Compiègne. »
  2. Marie-Antoinette, par Arneth et Geffroy, I, 19 (12 juillet 1770) ; I, 265 (janvier 1772) ; I, 111 (18 octobre 1770).