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L’ANCIEN RÉGIME


officier[1]. Frédéric II, s’étant fait expliquer cette étiquette, disait que, s’il était roi de France, son premier édit serait pour faire un autre roi qui tiendrait la cour à sa place ; en effet, à ces désœuvrés qui saluent, il faut un désœuvré qu’ils saluent. Il n’y aurait qu’un moyen de dégager le monarque : ce serait de refondre la noblesse française et de la transformer, d’après le modèle prussien, en un régiment laborieux de fonctionnaires utiles. Mais, tant que la cour reste ce qu’elle est, je veux dire une escorte d’apparat et une parure de salon, le roi est tenu d’être comme elle un décor éclatant qui sert peu ou qui ne sert pas.

V

En effet, quelle est l’occupation d’un maître de maison qui sait vivre ? Il s’amuse et amuse ses hôtes ; chez lui, c’est tous les jours une nouvelle partie de plaisir. Comptez celles d’une semaine. « Hier dimanche, dit le duc de Luynes, je trouvai en chemin le roi qui allait tirer dans la plaine Saint-Denis, et qui a été coucher à la Muette, où il compte continuer à tirer aujourd’hui et demain, et revenir ici mardi ou mercredi matin pour courre le cerf ce même jour mercredi[2]. » Deux

  1. Quand les dames de la cour et surtout les princesses passent devant le lit du roi, elles doivent faire la révérence. Quand les officiers du palais passent devant la nef, ils doivent faire le salut. — De même le prêtre ou le sacristain qui passe devant l’autel.
  2. Duc de Luynes, IX, 75, 79, 105 (août 1748, octobre 1748).