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L’ANCIEN RÉGIME


rideaux : « À quelle heure Monseigneur veut-il que je l’éveille demain. — À dix heures, s’il ne meurt personne cette nuit[1] ». On trouve encore de ces vieux courtisans, qui « âgés de quatre-vingts ans, en ont bien passé quarante-cinq sur leurs pieds dans l’antichambre du roi, des princes et des ministres ». — « Vous n’avez que trois choses à faire, disait l’un d’eux à un débutant : dites du bien de tout le monde, demandez tout ce qui vaquera, et asseyez-vous quand vous pourrez. »

C’est pourquoi, autour du prince, il y a toujours foule. Le 1er  août 1773, la comtesse du Barry présentant sa nièce, « le cortège est si nombreux, partout où cette présentation passe, qu’on peut à peine traverser les antichambres[2] ». En décembre 1774, à Fontainebleau, où tous les soirs la reine tient son jeu, « l’appartement, quoique vaste, ne désemplit pas… La presse est telle, qu’on ne peut parler qu’aux deux ou trois personnes avec lesquelles on joue ». Aux réceptions d’ambassadeurs, les quatorze appartements sont pleins et combles de seigneurs et de femmes

  1. Paris, Versailles et les provinces au dix-huitième siècle, II, 160, 168. — Mercier, Tableau de Paris, IV, 150. — Comte de Ségur, Mémoires, I, 16.
  2. Marie-Antoinette, par Arneth et Geffroy. II, 27, 255, 281. — Gustave III, par Geffroy, novembre 1786. Bulletin de Mme de Staël. — Comte d’Hézecques, ibid., 231. — Archives nationales, O1, 736. Lettre de M. Amelot, du 25 septembre 1780. — Duc de Luynes, XV, 260, 367 ; XVI, 268. 163 dames, dont 42 de service, viennent faire la révérence au roi. 160 hommes et plus de 100 dames viennent rendre leurs devoirs au dauphin et à la dauphine.