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L’ANCIEN RÉGIME


d’une cour d’Orient qui, pour se mouvoir, entraîne tout un monde : « quand elle va s’ébranler, il faut, si l’on veut passer, prendre la poste d’avance ». Au total, près de 4 000 personnes pour la maison civile du roi, 9 000 à 10 000 pour sa maison militaire, 2 000 au moins pour celles de ses proches, en tout près de 15 000 personnes avec une dépense de 40 à 45 millions, qui en vaudraient le double aujourd’hui et qui sont alors le dixième du revenu public[1]. Voilà la pièce centrale du décor monarchique. Si grande et si dispendieuse qu’elle soit, elle n’est que proportionnée à son usage, depuis que la cour est une institution publique et que l’aristocratie, occupée à vide, s’emploie à remplir le salon du roi.

    froy. Lettre de Mercy du 16 septembre 1773. « La multitude du service qui suit le roi dans ses voyages ressemble à la marche d’une armée. »

  1. Maison civile du roi, de la reine, de Madame Élisabeth, de Mesdames, de Madame Royale, 25 700 000 l. — Aux frères et belles-sœurs du roi, 8 040 000 l. — Maison militaire du roi, 7 681 000 l. (Necker, Compte rendu, II, 119). — De 1774 à 1788, la dépense des maisons du roi et de sa famille flotte entre 32 et 36 millions, non compris la maison militaire (La maison du roi justifiée). En 1789, la maison du roi, de la reine, du Dauphin, des enfants de France, de Mesdames coûte 25 millions. — Celles de Monsieur et de Madame, 3 656 000 l. ; celles du comte et de la comtesse d’Artois, 3 656 000 l. ; ducs de Berry et d’Angoulême, 700 000 l. ; les traitements conservés aux personnes qui ont servi les princes montent à 228 000 l. Total 33 240 000 livres. — À quoi il faut ajouter la maison militaire du roi et les 2 millions en apanage des princes. (Compte général des revenus et dépenses fixes au 1er  mai 1789, remis par M. le premier ministre des finances à MM. du Comité des finances de l’Assemblée nationale.)