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LES MŒURS ET LES CARACTÈRES


spectacle est magnifique quand le roi sort en carrosse pour aller à Paris ou à Fontainebleau. Quatre trompettes sonnent à l’avant et quatre en arrière. Les gardes suisses d’un côté, les gardes françaises de l’autre[1] font la haie aussi loin qu’elle peut s’étendre. Devant les chevaux marchent les Cent-Suisses en costume du quinzième siècle, avec la pertuisane, la fraise, le chapeau à panache, l’ample pourpoint bariolé de couleurs mi-parties, à côté d’eux les gardes de la prévôté, à brandebourgs d’or et parements d’écarlate, avec des hoquetons tout hérissés de bouillons d’orfèvrerie. Dans tous les corps, les officiers, les trompettes, les musiciens, chamarrés de passementeries d’or et d’argent, sont éblouissants à voir ; la timbale pendue à l’arçon de la selle, toute brodée et surchargée d’ornements peints et dorés, est une pièce à mettre dans un garde-meuble ; le cymbalier nègre des gardes françaises ressemble à un soudan de féerie. — Derrière le carrosse et sur les flancs courent les gardes du corps, avec l’épée et la carabine, en culottes rouges, grandes bottes noires, habit bleu couturé de broderies blanches, tous gentilshommes vérifiés ; il y en a 1 200, choisis à la noblesse et à la taille ; parmi eux sont les gardes de la manche, plus intimes encore, qui, à l’église, aux cérémonies, en hoqueton blanc étoilé de papillotes d’argent et d’or, ayant en main leur pertuisane damasquinée, sont toujours debout et tournés vers le roi « pour avoir de toutes parts l’œil sur sa personne ». Voilà

  1. Cabinet des Estampes, La maison du roi en 1786 (estampes coloriées).


  anc. rég. i.
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