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L’ANCIEN RÉGIME


million cinq cent mille livres à M. le prince de Conti pour payer ses dettes, dont un million sous prétexte de le dédommager du tort qu’on lui a fait par la vente d’Orange, et 500 000 livres de grâce. » — « M. le duc d’Orléans avait ci-devant 50 000 écus de pension comme pauvre et en attendant la succession de son père. Étant devenu par cet événement riche de plus de trois millions de rente, il a remis sa pension. Mais depuis il a représenté qu’il dépenserait par delà son revenu, et le roi lui a rendu ses 50 000 écus. » — Vingt ans plus tard, en 1780, quand Louis XVI, voulant soulager le Trésor, signe « la grande réforme de la bouche », « on donne à Mesdames 600 000 livres pour leur table » ; rien qu’en dîners, voilà ce que trois vieilles dames, en se retranchant, coûtent au public. Pour les deux frères du roi, 8 300 000 livres, outre deux millions de rente en apanages ; pour le Dauphin, Madame Royale, Madame Élisabeth et Mesdames, 3 500 000 ; pour la reine, quatre millions : voilà le compte de Necker en 1784. Joignez à cela les dons de la main à la main avoués ou déguisés : 200 000 francs à M. de Sartine pour l’aider à payer ses dettes, 200 000 à M. de Lamoignon, garde des sceaux, 600 000 francs à M. de Miromesnil pour frais d’établissement, 166 000 à la veuve de M. de Maurepas, 500 000 au prince de Salm, 1 200 000 au duc de Polignac pour l’engagement du comté de Fenestranges, 754 337 à Mesdames pour payer Bellevue[1]. « M. de Calonne, dit Au-

  1. Nicolardot, Journal de Louis XVI, 228. Sommes ordonnancées dans le Livre Rouge de 1774 à 1789 : 227 985 716 livres,