Page:Taine - Le Positivisme anglais, 1864.djvu/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que vous me donnez raison d’avance : légiste, parent de Locke, de Newton, de Comte et de Hume, nous n’avons là que de la philosophie anglaise ; mais il n’importe. A-t-il atteint une grande conception d’ensemble ? — Oui. — A-t-il une idée personnelle et complète de la nature et de l’esprit ? — Oui. — A-t-il rassemblé les opérations et les découvertes de l’intelligence sous un principe unique qui leur donne à toutes un tour nouveau ? — Oui ; seulement il faut démêler ce principe. — C’est votre affaire, et j’espère bien que vous allez vous en charger. — Mais je vais tomber dans les abstractions. — Il n’y a pas de mal. — Mais tout ce raisonnement serré sera comme une haie d’épines. — Nous nous piquerons les doigts. — Mais les trois quarts des gens jetteraient là ces spéculations comme oiseuses. — Tant pis pour eux. Pourquoi vit une nation ou un siècle, sinon pour les former ? On n’est complétement homme que par là. Si quelque habitant d’une autre planète descendait ici pour nous demander où en est