Page:Taine - Le Positivisme anglais, 1864.djvu/150

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment variée et multiple, se réduisent à quelques éléments et à leurs rapports. Tout notre effort consiste à passer de l’un à l’autre, du complexe au simple, des faits aux lois, des expériences aux formules. Et la raison en est visible ; car ce fait que j’aperçois par les sens ou la conscience n’est qu’une tranche arbitraire que mes sens ou ma conscience découpent dans la trame infinie et continue de l’être. S’ils étaient construits autrement, ils en intercepteraient une autre ; c’est le hasard de leur structure qui a déterminé celle-là. Ils sont comme un compas ouvert, qui pourrait l’être moins, et qui pourrait l’être davantage. Le cercle qu’ils décrivent n’est pas naturel, mais artificiel. Il l’est si bien, qu’il l’est en deux manières, à l’extérieur et à l’intérieur. Car, lorsque je constate un événement, je l’isole artificiellement de son entourage naturel, et je le compose artificiellement d’éléments qui ne font point un assemblage naturel. Quand je vois une pierre qui tombe, je sépare la chute des circonstances antérieures qui réellement lui sont