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tière, puis divisée ; on ne fait que traduire la même idée d’un langage en un autre, du langage sensible en langage abstrait, comme on traduit une courbe en une équation, comme on exprime un cube par une fonction de son côté. Que cette traduction soit difficile ou non, peu importe ; qu’il faille souvent l’accumulation ou la comparaison d’un nombre énorme de faits pour y atteindre, et que maintes fois notre esprit succombe avant d’y arriver, peu importe encore. Toujours est-il que dans cette opération, qui est évidemment fructueuse, au lieu d’aller d’un fait à un autre fait, on va du même au même ; au lieu d’ajouter une expérience à une expérience, on met à part quelque portion de la première ; au lieu d’avancer, on s’arrête pour creuser en place. Il y a donc des jugements qui sont instructifs, et qui cependant ne sont pas des expériences ; il y a donc des propositions qui concernent l’essence, et qui cependant ne sont pas verbales ; il y a donc une opération différente de l’expérience,