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voudra l’avoir. Il ne saisit que des couleurs, des sons, des résistances, des mouvements, tantôt momentanés et variables, tantôt semblables à eux-mêmes et renouvelés. Il ne suppose des qualités et propriétés que par un artifice de langage, et pour grouper plus commodément des faits. Nous allons même plus loin que vous : nous pensons qu’il n’y a ni esprits ni corps, mais simplement des groupes de mouvements présents ou possibles, et des groupes de pensées présentes ou possibles. Nous croyons qu’il n’y a point de substances, mais seulement des systèmes de faits. Nous regardons l’idée de substance comme une illusion psychologique. Nous considérons la substance, la force et tous les êtres métaphysiques des modernes comme un reste des entités scolastiques. Nous pensons qu’il n’y a rien au monde que des faits et des lois, c’est-à-dire des événements et leurs rapports, et nous reconnaissons comme vous que toute connaissance consiste d’abord à lier ou à additionner des faits. Mais cela terminé, une