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sitions se rencontrent dans une tête anglaise. L’esprit religieux et l’esprit positif y vivent côte à côte et séparés. Cela fait un mélange bizarre, et j’avoue que j’aime mieux la manière dont les Allemands ont concilié la science et la foi.

— Mais leur philosophie n’est qu’une poésie mal écrite. — Peut-être. — Mais ce qu’ils appellent raison ou intuition des principes n’est que la puissance de bâtir des hypothèses. — Peut-être. — Mais les systèmes qu’ils ont arrangés n’ont pas tenu devant l’expérience. — Je vous abandonne leur œuvre. — Mais leur absolu, leur sujet, leur objet et le reste ne sont que de grands mots. — Je vous abandonne leur style. — Alors que gardez-vous ? — Leur idée de la cause. — Vous croyez, comme eux, qu’on découvre les causes par une révélation de la raison ? — Point du tout. — Vous croyez comme nous qu’on découvre les causes par la simple expérience ? — Pas davantage. — Vous pensez qu’il y a une faculté autre que l’expérience et la raison propre à découvrir les causes ? — Oui.