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chera à sa personne tant que vivront les légions romaines. Peu après, le dictateur arriva, et aussitôt il convoqua l’armée au son de la trompette. Alors le silence s’étant fait, le héraut cita Q. Fabius maître de la cavalerie. Dès que celui-ci, qui était au-dessous du tribunal, se fut approché, le dictateur : « Je veux savoir de toi, dit-il, Q. Fabius, puisque le dictateur a l’autorité suprême, et que les consuls, pouvoir royal, les préteurs créés sous les mômes auspices que les consuls lui obéissent, si tu trouves juste ou non que le maître de la cavalerie écoute ses ordres. Je te demande encore si, sachant que j’étais parti de la ville avec des auspices douteux, je devais hasarder l’État parmi des présages troublés, ou aller une seconde fois prendre les auspices afin de ne rien faire sous des dieux incertains. Je le demande enfin si, quand un scrupule religieux était un empêchement pour le dictateur, le maître de la cavalerie pouvait en être affranchi et dégagé. Mais pourquoi toutes ces questions, quand, si j’étais parti sans te rien dire, tu au-’ rais dû, pour diriger ta conduite, interpréter et conjecturer ma volonté ? Réponds seulement à ceci. Ne t’ai-je pas défendu, moi absent, de rien tenter ? Ne t’ai-je pas défendu d’en venir aux mains avec l’ennemi ? Au mépris de cet ordre, sous des auspices incertains, parmi des présa-