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10 PRÉFACE

Stable, résument une multitude indéfinie de rencon- tres. Par le même procédé, au delà de ces premiers couples, nous en isolons d’autres, plus simples, qui, semblables à la formule d’une courbe, concentrent en une loi générale une multitude indéfinie de lois parti- culières. Nous traitons de même ces lois générales, jusqu’à ce qu’enfin la nature, considérée dans son fond subsistant, apparaisse à nos conjectures comme une pure loi abstraite qui, se développant en lois subor- données, aboutit sur tous les points de l’étendue et de la durée à l’éclosion incessante des individus et au flux inépuisable des événements. Très-probablement, la nouvelle loi mécanique sur la conservation de la force est une dérivée peu distante de cette loi suprême ; car elle pose que tout efl’et engendre son équivalent , c’est-à-dire un autre effet capable de reproduire le premier sans addition ni perte, que la chute d’un poids engendre son équivalent, c’est-à- dire la quantité de chaleur nécessaire et suffisante pour faire remonter le poids jusqu’à la hauteur d’où il est tombé, que la quantité de chaleur dépensée pour élever un poids engendre son équivalent, c’est- à-dire l’ascension du poids jusqu’à la hauteur qu’il lui faut atteindre et qu’il lui suffit d’atteindre pour que sa chute régénère la quantité de chaleur dépen- sée. Ainsi, quand une force disparait, elle est rem- placée par une force égale. Plus précisément encore, si l’on considère la force en général et dans ses deux états, le premier dans lequel elle est en exercice et se dépense, par exemple lorsqu’elle fait remonter une