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PRÉFACE 5

d’exemples ce qu’on nomme la raison explicative d’une loi, et aboutir à des vues d’ensemble sur la science et la nature, en s’arrêtant devant le problème métaphysique qui est le premier et le dernier de tous. Dans cette longue série de recherches, j’ai indiqué avec un soin scrupuleux les théories que j’empruntais à autrui. Il y en a trois principales : la première, très- féconde, esquissée et affirmée par Gondillac, mais sans développements ni preuves suffisantes, pose que toutes nos idées générales se réduisent à des signes ; la seconde, sur l’induction scientifique, appartient à Stuart Mill ’ ; la troisième, sur la perception de l’éten- due, appartient à Bain ; j’ai cité leurs textes tout au long. Autant que j’en puis juger, le reste est nou- veau, méthodes et conclusions. Il faut donc que le lecteur veuille bien examiner et vérifier lui-même les théories présentées ici sur les illusions naturelles de la conscience, sur les signes et la substitution, sur les images et leurs réducteurs, sur les sensations totales et élémentaires, sur les formes rudimentaires de la sensation, sur l’échelonnement des centres sensitifs, sur les lobes cérébraux considérés comme répétiteurs et multiphcateurs , sur le mécanisme cérébral de la persistance, de l’association et de la reviviscence des images, sur la sensation et le mouvement moléculaii^e . Au lieu de fonder l’induction, comme Stuart Mill, sur une hypothèse simplement probable et applicable seulement dans notre groupe stellaire, on l’a rattachée à une axiome (tome II, ch. 3, § 3), ce qui change son caractère et conduit à une autre vue du monde.